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Geneviève Piniau, proviseure d’exception

Proviseure du lycée Robert Doisneau durant près de dix ans, Geneviève Piniau n’a pas ménagé ses efforts pour offrir

une réelle notoriété à l’établissement scolaire situé à Corbeil-Essonnes (Essonne). Aux côtés du personnel enseignant, cette femme d’exception originaire de Moselle n’a cessé de lutter contre l’exclusion en permettant à certains de ses élèves d’accéder aux grandes écoles.

Proviseure du lycée Robert Doisneau de 2003 à 2012

Principale du collège des Sablons, à Viry-Châtillon (Essonne), depuis 1994, Geneviève Piniau a pris en charge la responsabilité du lycée Robert Doisneau, à Corbeil-Essonnes (Essonne) en 2003, Originaire d’Ars-sur-Moselle (Moselle) où elle est née le 4 août 1947, la proviseure a pris une retraite bien méritée en juillet 2012. Après cinq années occupées à entretenir son jardin dans le Sud, à écrire et à soutenir des enfants hospitalisés à Béziers (Hérault), Geneviève Piniau s’est éteinte le 29 juin 2017, à Boujan-sur-Libron (Hérault), des suite d’une courte mais intraitable maladie. Le 17 avril 2012, j’ai rencontré la proviseure du lycée Doisneau au cours d’un entretien qu’elle m’a accordé. Découvrez ici de larges extraits de cette rencontre.

« Un lycée très attachant ! »

Que retenez-vous de votre passage au lycée Robert Doisneau ?

« Eh bien, écoutez, c’est un lycée très attachant. Je ne suis pas sûr, neuf ans après, d’être entrée dans tous les lieux de ce lycée. Je suis sûr qu’il y a des salles où je ne suis jamais entrée. C’est beaucoup de couloirs, beaucoup de fenêtres, il y a quatre kilomètres de fenêtres, çà c’est un chiffre qui m’a marqué en bonne femme que je suis. C’est une immense structure qui est très vilaine extérieurement, qui va être rénovée mais qui ne l’est pas encore. Et, cependant, c’est un lycée très attachant, des élèves extrêmement attachants qui ont tellement besoin de nous et des professeurs de très grande qualité. C’est un bel outil de formation au service de la nation ».

« Je regrette de n’avoir nullement agi sur le quartier des Tarterêts ! »

Qu’elles sont regrets, si vous en avez ? « De n’avoir nullement agi sur le quartier des Tarterêts. Malgré la réussite des élèves, les parents des élèves qui ont réussi ont tous quitté le quartier. C’est désespérant de ne pas pouvoir agir sur le quartier ». Cela tient à quoi ? « Aucune idée. Je pense que c’est peut-être réussir que de quitter le quartier. Pour eux, c’est réussir sûrement. Mais cela veut dire qu’il n’y a jamais d’exemple, de pérennité des choses, que tout est toujours à recommencer, que la violence qui s’est installée chez les plus jeune on n’a pas su la maîtriser, on n’a pas su la dominer. Moi, les élèves les plus violents et les plus en échec aux Tarterêts je ne les ai pas vus au lycée, évidement. Voilà, c’est tout ces regrets mélangés, cette politique de la Ville qui a mis des millions et des milliards dans ce quartier et , je ne veux pas dire pour rien, ce n’est pas vrai, les logements sont plus jolis, le bâti est plus beau, certes, çà, çà se vois, mais sur le fond, qu’est-ce qui a changé ? C’est un vrai regret ».

« Cette ambition que l’on a su développer ! »

Qu’elles sont vos principales réussites ? « Je pense que c’est la notoriété que l’on a pu donner. Mais ces réussites ne sont pas mes réussites, elles sont les réussites des équipes qui composent ce lycée. C’est la notoriété que le lycée a acquis au fil des années, la reconnaissance du travail qui y est fait, l’implantation de trois, voire quatre classes préparatoires. L’année dernière, il y a 17 % de nos élèves qui sont allés vers les classes préparatoires aux grandes écoles. Donc, c’est cette ambition que l’on a su développer et que l’on a su donner à des gamins qui ne l’avaient pas forcement en arrivant ici ».

« Le proviseur, c’est la chef d’orchestre du lycée ! »

Comment considérez-vous cette fonction de proviseure ? « Chef d’orchestre qui ne fait rien sans les autres. Donc, des professeurs qui sont très engagés dans ce lycée, des gens de très très grande qualité, des parents qui nous suivent, qui nous font confiance, c’est très précieux. Et puis des élèves qui s’approprient l’établissement comme étant leur lieu de vie. Donc, pas vraiment de dégradations, pas de choses désagréables, des élèves qui savent dire merci, des élèves qui savent reconnaître qu’ils ont réussi, des élèves qui reviennent des années après. Voilà, c’est çà le lycée. Donc, le proviseur, c’est la chef d’orchestre de tout çà. On met en musique en fait ».

Le 29 novembre 2005, signature

de la convention « Sciences-Po »

en présence d’Azouz Begag, ministre délégué à l’Egalité des Chances.

Le 1er février 2006, signature d’un partenariat entre l’école Polytechnique

de Palaiseau et le lycée Robert Doisneau.

Les 15 et 16 avril 2008, Geneviève Piniau

a participé au tournage du  film « Eden

à l’Ouest » réalisé par Cota-Gavras.

Le 21 mai 2009, la proviseure du lycée Doisneau a participé au JT de 20 heures  sur France 2. égende photos, légende photo. Légende photos, légende photos

Le 2 février 2010, Geneviève Piniau

a été promue Officier dans l’Ordre National

du Mérite par Alain Boissinot, recteur

de l'Académie de Versailles.

La proviseure a profité e la cérémonie pour dévoiler le projet de réhabilitation du lycée Doisneau achevée en  octobre 2019.

« Mes premiers élèves rentrés à Sciences-Po ! »

Quel est votre plus beau souvenir au sein de l’établissement ? « Mes premiers élèves rentrés à Sciences-Po. Je pense que j’ai fais une bosse dans le plafond en ayant les résultats des trois premiers qui y sont entrés. On les a formé durant une année et les trois premiers qui ont réussi, c’est un magnifique souvenir ».

Durant toute sa carrière, Geneviève Piniau n’a cessé de lutter contre l’échec scolaire. Ce véritable sacerdoce lui a permis de sauver de nombreux enfants en grande difficulté dont beaucoup ont pu ainsi échappé à la délinquance. La proviseure du lycée Robert Doisneau a laissé des écrits consacrés à son combat contre l’exclusion des plus jeunes. Intitulé « Vaincre l’échec scolaire au collège », un ouvrage rédigé en 2005 avec Jacques Boutelet évoque « une méthode révolutionnaire » au service des ados. Des articles parus en 2011 et 2012 dans la revue « Après-demain » sont quant à eux consacrés au « Vivre ensemble », à « L’enfant sans horizon qui réussit » et à « Des jeunes sous influence ».

Bernard Gaudin - Novembre 2022

Geneviève Piniau, proviseure du lycée Robert Doisneau.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien sur ma chaîne YouTube.

« Un chef d’orchestre qui ne fait rien sans les autres ! ».

« C’est peut-être réussir que de quitter les Tarterêts ! »..

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